La situation des enfants au Maroc est encore aujourd’hui très fragile, ce qui est d’autant plus préoccupant dans un contexte où 50% de la population a moins de vingt ans, et où la croissance démographique est importante. « Du fait de la forte immigration rurale, de la pauvreté urbaine, de l’éclatement de la famille étendue et du travail précoce, l’enfant de la rue est devenu un spectacle habituel dans la plupart des grandes villes marocaines. »
Voici un certain nombre de constats, dressés par l’UNICEF concernant la situation des enfants au Maroc :
Les enfants peuvent être concernés par les problématiques et phénomènes sociaux suivants :
Afin de répondre aux besoins financiers des familles, tous leurs membres sont souvent contraints de travailler, y compris jeunes et enfants, bien souvent au dépend de leur scolarité, l’école n’étant toujours pas considérée comme un moyen de promotion sociale. Malheureusement dans bien des cas, les enfants et jeunes sont exploités : les filles comme petites bonnes, les garçons pour des travaux d’agriculture, mécanique, élevage, menuiserie, couture, etc… Sans contrat ni aucune protection sociale, ils doivent effectuer des tâches pénibles et ce, pendant de longues heures et pour un salaire bien en deçà du salaire minimum. Bien que, désormais, un code du travail des enfants ait été élaboré au Maroc, il est loin d’être vraiment respecté, et l’UNICEF a relevé environ 86.000 enfants qui travaillent aujourd’hui au Maroc.
Beaucoup d’enfants et de jeunes en arrivent à penser que la rue offre des solutions que la société n’a pas su leur proposer : une économie informelle, la liberté et un sentiment d’appartenance à un clan, sorte de famille de substitution dans un contexte où on commence à observer au Maroc un délitement de la structure de la famille traditionnelle. Dans la rue, ils développent une intelligence de survie mais aussi beaucoup de dépendances au vol, à la mendicité ou à la consommation de colle et d’autres drogues. Si certains souhaiteraient en sortir, d’autres ont su l’apprivoiser et ne veulent plus la quitter. Pourtant elle les expose tous à de réels dangers tels qu’à des violences physiques ou sexuelles, au manque d’hygiène, à des carences alimentaires qui ont des répercussions sur le développement, la santé mentale et/ou physique du jeune.
Le Maroc compte 13.500 enfants abandonnés et 25.500 enfants en situation difficile. De plus, 400.000 enfants sont en situation d’abandon scolaire. « Les causes principales de cet abandon résident d’une part, dans l’échec scolaire enregistré par de nombreux enfants et l’absence de structures à même de les aider à renforcer leur niveau et, d’autre part, le faible attrait de l’école publique qui ne propose aucune activité parascolaire d’épanouissement aux enfants ». Dans un climat si peu propice à la confiance en soi et en l’autre, nombreux sont les enfants et jeunes en total déni de soi et qui rejettent toute institution car ni la famille, ni les centres de rééducation ne leur ont permis de s’en sortir. Cela fait d’eux des individus en marge de la société, augmente la probabilité qu’ils connaissent des comportements déviants et destructeurs envers eux-mêmes, et brime leurs chances de réintégration par la suite.